D’art et d’or : un jour à La Valette, noble capitale de Malte

par Pierre
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Sculpture d'un lion à Malte.

Vue du ciel, La Valette se reconnaît entre mille : c’est un homard bleu qui s’enfonce, toutes pinces dehors, vers le cœur de Malte. Cette côte subitement tourmentée explique le destin particulier de la capitale de l’île. Les chevaliers du célèbre Ordre de Malte ont fait de ce port naturel en eaux profondes abrité des caprices de la Méditerranée, une citadelle inexpugnable, un carrefour entre Orient et Occident… Il reste de cet âge d’or une ville magnifique pour laquelle vous devrez réserver sans hésiter (au moins) une journée de votre séjour à Malte.

Petite présentation de La Valette


Soldats de l'Ordre de Malte.

La Valette à l’heure des chevaliers de l’Ordre.

En soi, la ville (“Valletta” pour les Maltais) n’est pas très grande. Pas très peuplée non plus, en comparaison de nos capitales “continentales” (7000 habitants). Mais sur ce petit morceau de terre se croisent pas moins de… 300 monuments ! Pas étonnant que La Valette soit classée sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.

Cocorico ! La Valette doit son nom à un Français : Jean Parisot de La Valette, grand-maître de l’Ordre de Malte, qui fonda la cité en 1566 sur l’étroite péninsule de Xiberras qui trône au centre de la baie. Auparavant, la ville se lovait sur le flanc oriental de celle-ci, autour du port : ce sont les actuelles Trois Cités de Birgu, Isla et Bormla.

Les chevaliers étaient tenus d’y résider et un règlement d’urbanisme présida à sa construction, d’où l’impression d’opulence et d’harmonie qui se dégage de la vieille ville, malgré le poids des ans.

Temple et jardin à La Valette.

Le « temple » de Lower Barrakka Gardens.

Se balader à La Valette, c’est partir à la découverte d’une vieille ville d’ombre et de lumière, que la pierre dorée dispute aux balcons de bois peint.

Maisons et palais sont plus ou moins restaurés. Ici, pas de gentrification : les escaliers sont poussiéreux, le linge pend encore aux fenêtres et partout résonnent les accents rocailleux de la langue maltaise.

La Valette n’est pas plate : la ville ondule au gré du relief de la presqu’île de Xiberras. À presque chacun des carrefours (qui se croisent à angle droit) se découpe en toile de fond le bleu de la mer.
 

L’entrée monumentale (City Gate)


Architecture contemporaine à La Valette.

Le nouveau parlement de Malte, signé Renzo Piano.

C’est au pied de la fontaine du Triton que les myriades de cars aboutissent leur périple à travers Malte. Ce que l’on nomme communément “City Gate” (Bieb il-Belt en maltais) est l’ensemble monumental qui compose le goulet d’entrée dans La Valette.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette porte monumentale déconcerte et surprend par la juxtaposition de ses monuments : les puissantes murailles de la Renaissance, le tout nouveau parlement de Malte inauguré en 2014 et dû à l’architecte italien Renzo Piano (à qui l’on doit aussi le Centre Pompidou à Paris), mais aussi l’Opéra de plein-air… Il s’agit en réalité de l’ancien Opéra national, bombardé en 1942 et qui n’a jamais été reconstruit – mais qui a aujourd’hui trouvé une seconde jeunesse sous une nouvelle forme.
 

La rue de la République et le Musée national archéologique


La rue de la République (Triq Ir-Repubblika) est l’artère principale de la vieille La Valette, reliant le City Gate au fort Saint-Elme. Dans sa première partie, jusqu’à la place Saint-Georges, elle est bouillonnante, touristique. Au-delà, elle tombe dans une bienveillante léthargie.

Au milieu des enseignes habituelles, on trouvera le Musée national archéologique (Mużew Nazzjonali tal-Arkeoloġija), installé dans l’ancienne Auberge de Provence : ↘️ comme à Rhodes, où l’Ordre avait son siège auparavant, les chevaliers logeaient dans des “auberges” en fonction de leur langue.

Ce délicieux édifice de la Renaissance, qui a conservé une partie de ses aménagements et décors d’origine, abritent notamment d’importantes collections liées à la civilisation mégalithique qu’on croise souvent à Malte (Ħaġar Qim, Tarxien, Ġgantija notamment) : fascinant ou abscon, à vous de voir… En tout, cela peut-être une pause fraîcheur bienvenue si le soleil cogne à La Valette.
 

La cathédrale Saint-Jean-Baptiste


Intérieur de la cathédale de La Valette.

La cathédrale Saint-Jean, un déluge de luxe…

La cathédrale Saint-Jean-Baptiste, édifiée à la fin du 16e siècle par l’architecte “star” maltais de l’époque, Gerolamo Cassar, était le cœur de l’ordre de Malte, l’église principale des chevaliers.

Si de l’extérieur elle ne se distingue pas vraiment par sa chaleur, l’exubérance de l’intérieur laisse carrément pantois ! Chaque centimètre des murs, de la voûte, du sol… est recouvert de marbres, de stucs, d’or. Le pavement, entièrement constitué de pierres tombales multicolores, est unique au monde.

Dans un oratoire attenant, on contemple deux chefs-d’œuvre du Caravage, génial peintre italien du clair-obscur : Saint Jérôme écrivant et surtout l’immense toile illustrant la mort de saint Jean-Baptiste (1608).
 

Le palais des Grands-Maîtres de l’Ordre de Malte


Cour d'un palais à La Valette.

La cour de Neptune dans le palais des Grands-Maîtres.

Là encore, ouvrant sur la place Saint-Georges, un bâtiment à la façade on ne peut plus sobre (et également signée Gerolamo Cassar) : voici l’ancien palais des Grands-Maîtres de l’Ordre de Malte (Palazz Maġistrali), aujourd’hui dévolu au président de la république maltaise.

Et là encore, c’est à l’intérieur qu’il faut chercher le meilleur : la superbe cour Pinto, plantée d’arbres et de fleurs et dominée par une belle horloge ; la cour de Neptune et ses arcades, la salle du Trône, celle des Ambassadeurs, la chambre Rouge… sans oublier l’impressionnante armurerie des chevaliers de Malte.

Vous pouvez ensuite faire une pause à l’ombre du palais, sur la place de la République (Misrah Ir-Repubblika). Avec sa cabine téléphonique rouge et sa statue de la reine Victoria qui rappellent la longue tutelle britannique sur l’île (1814-1964), mais aussi ses rangées d’arbres, c’est un peu le cœur vivant de La Valette.
 

Upper Barrakka Gardens et Salutation Battery


Canons veillant sur un port à Malte.

La « Saluting Battery » veille sur le port de La Valette.

Après être passé devant la superbe façade de l’ancienne Auberge de Castille (aujourd’hui siège du premier ministre de Malte), on rejoint un bastion d’angle des remparts aménagé en jardin.

Ce sont les Upper Barrakka Gardens, d’où on jouit d’un panorama à la fois insolite et spectaculaire sur le port en eaux profondes de La Valette. Les cargos ont remplacé les galères et les grues s’animent juste là, devant soi, composant un sacré contraste avec la vieille cité des chevaliers.

En contrebas du jardin a été aménagée la batterie de salutation (Saluting Battery). Chaque jour, à midi tapante, a lieu le traditionnel tir de canon pour annoncer la mi-journée.

En suivant les remparts, on arrive aux Lower Barrakka Gardens, un brin plus calmes, où trône au centre une jolie réplique de temple antique. Un peu plus loin, occupant l’extrémité de la péninsule de Xiberras, il y a le redoutable fort Saint-Elme (Forti Sant’ Iermu) commandait à la fois l’entrée dans les deux baies de La Valette, mais également la cité elle-même ainsi que les Trois Cités (voir plus bas).
 

Le flanc ouest de La Valette


Vieilles façades à La Valette.

Le temps semble suspendu… comme le linge ! @carigami / Pierre Feisthauer

Une fois passé le fort Saint-Elme, on peut continuer à suivre les remparts : on découvre alors une ville un peu plus désertée par les touristes.

On passe au pied de Notre-Dame-du-Mont-Carmel (Santwarju tal-Madonna tal-Karmnu), une église parmi tant d’autres églises baroques de La Valette : mais le dôme de celle-ci est emblématique, visible de toute la ville. Il y a aussi ce charmant et désuet stade de water polo du “Valletta United” ouvrant sur la mer, les façades des maisons aux balcons colorés plus ou moins défraîchis… Que la vie semble tranquille dans ce coin de la vieille cité…
 

« Valletta Waterfront »


Façades colorées à La Valette.

« Valetta Waterfront » est aujourd’hui un lieu de vie.

On quitte l’enceinte de la vieille ville pour le quartier de Floriana, de l’autre côté de la fontaine du Triton. De l’immense esplanade (très vide) de Saint-Publius, on oblique vers l’est pour gagner le front de mer.

Cette zone portuaire jadis un peu glauque a aujourd’hui complètement changé de visage en 2006 : outre l’installation du terminal des navires de croisière, les anciens entrepôts baroques ont été entièrement restaurés et transformés en cafés et restaurants.

“Valletta Waterfront” est désormais un lieu incontournable de l’art de vivre valettin, pour boire un verre ou manger, à l’ombre des façades rehaussés de volets et de portes aux couleurs vives.
 

Les Trois Cités


Vue d'une échauguette à La Valette.

De la Gardjola d’Isla, une belle vue sur La Valette.

Les Trois Cités, ce sont ces anciens bourgs, plus anciens que La Valette, accrochés sur la côte orientale de la grande baie.

Sur toute la documentation touristique, vous remarquerez que ces trois quartiers sont toujours désignés sous deux noms : Birgu (Vittoriosa), Isla (Senglea), Bormla (Cospicua). Pourquoi ? Tout simplement parce que les Maltais et les chevaliers de l’Ordre utilisaient respectivement ces deux noms pour les désigner. Car il faut le savoir : les relations entre les habitants et ces chevaliers atterris ici par hasard ne furent jamais bonnes… Pendant des siècles, deux mondes parallèles cohabitaient en réalité sur ce caillou ! Et pour les Maltais, Mdina est longtemps restée la “vraie” capitale de l’île.

De ces trois cités, Birgu est incontestablement la mieux conservée, avec son cachet, ses ruelles tortueuses et animées, le fort Saint-Ange (Fort Sant’Angelo), l’église Saint-Laurent (kolleġġjata ta’ San Lawrenz) ou même ↘️ l’ancien palais de l’Inquisiteur.

Tout au bout d’Isla, vous trouverez la Gardjola, ce bastion célèbre sculpté d’un œil et d’une oreille, d’où on a une vue iconique sur La Valette.
 

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