Route des Vins d’Alsace : mes 5 étapes coups de cœur

par Pierre
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Enseigne d'un restaurant en Alsace.

C’est un peu l’image de l’Alsace heureuse, celle de Hansi, celle des vieux bourgs encore fortifiés, où des cascades de géraniums dévalent des colombages. Celle des innombrables châteaux romantiques, des forêts profondes, des reflets roses du grès. Celle des alpages d’un côté et de la plaine de l’autre, où l’on lorgne longtemps la flèche de la cathédrale de Strasbourg. Celle des auberges sans chichis où l’on sert de la flamme dans un décor de bois sombre qui semble inchangé depuis des lustres. De Marlenheim à Thann, la Route des vins d’Alsace est un somptueux itinéraire à travers cette autre France, tournée vers le Rhin…

 

 

La Route des Vins d’Alsace, petite présentation


La Route des Vins d’Alsace, comme son nom l’indique, a pour objet de mettre en valeur les vins alsaciens ; non seulement les vignerons, mais aussi le patrimoine naturel et historique qui les rend si exceptionnels. C’est la plus ancienne de ce type en France ; elle fut créée en 1953, reliant 73 communes sur 170 kilomètres. C’est depuis cette date la plus célèbre des routes des vins françaises, et connaît un succès qui ne s’est jamais démenti.

Mais parlons quelques instants de ces vins d’Alsace, histoire de savoir à qui vous aurez affaire… Le vignoble alsacien s’étend sur plus de 15 000 hectares, dont les trois quarts sont classés en AOC (Appellation d’Origine Contrôlée). Les meilleures parcelles sont classées sous l’appellation “grand cru” (cela représente moins de 1000 hectares).

Le saviez-vous ?

Les vins d’Alsace se distinguent de leurs confrères français dans quelques domaines :

  • Ses appellations se font par cépage avant de se faire par domaine.
  • Ceci est dû au fait qu’en Alsace, les vins ne sont issus que d’un unique cépage, et non d’un assemblage de cépages « comme en France ».
  • Ces cépages sont d’ailleurs typiquement allemands : riesling, gewurztraminer, sylvaner, pinot gris (celui qu’on appelait autrefois Tokay, mais l’appellation a été revendiquée et obtenue par le tokay hongrois), pinot noir pour le vin rouge, pinot blanc pour les crémants d’Alsace.
  • Les vins d’Alsace sont des vins blancs à près de 90 %.
  • On utilise exclusivement pour les vins d’Alsace des bouteilles fines et longues appelées “flûtes vins du Rhin », toujours de couleur verte et de 75 cl.
  • Les vins d’Alsace se dégustent dans un verre typiques, à long pied vert et au petit calice rond.

 

Autour d’Obernai


Grappe de raisin noir.

Une fois n’est pas coutume : c’est le pinot noir (et donc le vin rouge !) qui est à l’honneur dans ce coin d’Alsace.

Certes, la Route des Vins d’Alsace débute plus au nord, à Marlenheim, mais c’est ici à Obernai que je choisis de faire démarrer « ma » route. Cette ville ne ne recèle aucun monument incontournable à proprement parler, mais ravit par sa profusion de maisons à colombages. Elle est un ensemble, et donc le facteur « foule » jouera un grand rôle dans votre appréciation : j’ai déjà vu la petite ville complètement vide (quel bonheur), mais aussi pleine comme un œuf (c’est moins sympa).

Au pied du mont Sainte-Odile, il y a le petit village d’Ottrott. Particularité : celui-ci  se démarque clairement dans le paysage viticole alsacien, où le vin blanc règne en majesté. Le « rouge d’Ottrott » est une variation du pinot noir, qui bénéficie d’un terroir très spécifique propre au village. Résultat : un vin rouge à la robe très claire, très léger et très fruité, dont 4 viticulteurs seulement se partagent la production.

Si vous cherchez une autre idée de souvenir de votre séjour sur la Route des Vins, il y a à quelques kilomètres d’Ottrott le village de Gertwiller : c’est la capitale du pain d’épices alsacien.

 

Dans une forêt des Vosges.

Le « Mur Païen » est un étonnant fil rouge pour une randonnée facile autour du mont Saint-Odile.

Dominant la plaine d’Alsace depuis le dernier escarpement des Vosges, le mont Sainte-Odile occupe non seulement une situation magnifique mais aussi une place de premier choix dans le cœur des Alsaciens, qui y sont très attachés et sont nombreux à y venir, inlassablement.

Depuis la vénérable abbaye, qui occupe le site depuis plus de treize siècles, le panorama est superbe. Si le temps est vraiment clair, vous apercevrez le massif de la Forêt-Noire, sis en Allemagne, de l’autre côté du Rhin, mais aussi la silhouette si reconnaissable de la cathédrale de Strasbourg.

Il y a de sacrées belles balades à faire autour du mont Sainte-Odile, et pas besoin d’aller bien loin : le « Mur Païen », qui enserre le plateau du mont sur plus de 10 kilomètres, allie rando et mystère… Personne ne sait qui a construit ce mur, ni pourquoi. Il daterait de plusieurs siècles avant notre ère ! Il Le plateau dégagé du Champ du Feu, avec sa toute petite station de ski, est également un bon point de départ pour une balade au grand air.

Pour votre hébergement, jouez la carte de l’originalité et du charme avec une nuit à ↘️ l’hôtellerie du mont Sainte-Odile.

 

Du côté de Sélestat


Sélestat n’est pas à proprement parler une étape sur la Route des Vins, mais franchement, je me vois mal l’ignorer… Jadis troisième plus importante ville d’Alsace, elle a certes perdu de sa superbe mais elle recèle encore quelques belles églises médiévales, la précieuse Bibliothèque Humaniste, et un centre ville moins fringant que celui d’Obernai par exemple, mais bien plus authentique. Pour moi, elle vaut vraiment un petit tour, ne serait-ce que pour goûter à la vie alsacienne d’aujourd’hui, « loin des cartes postales ».

La château du Haut-Koenigsbourg en Alsace.

Le Haut-Koenigsbourg, ici émergeant au-dessus de Saint-Hippolyte, a été reconstruit au début du XXe siècle.

Au-dessus de Sélestat, votre regard sera immanquablement attiré par la silhouette mythique du Haut-Koenigsbourg. Assis sur la faîte de sa montagne, c’est un délire architectural (il a été entièrement reconstruit de 1901 à 1908 sur ordre de l’empereur Guillaume II, lorsque l’Alsace était annexée à l’Allemagne) qui offre des vues exceptionnelles sur l’Alsace qu’il domine sans partage depuis des siècles, tel une sentinelle.

Si les murailles sont titanesques, il en va parfois de même pour la foule qui le visite : en pleine saison, je vous conseille d’y aller dès l’ouverture, avant l’arrivée des groupes. Vous éviterez ainsi la lumière crue de la pleine journée, pas toujours idéale pour profiter pleinement des points de vue.

Bergheim pourrait être un village de la Route des vins comme les autres, mais à l’abri de son enceinte et avec le beau décor des Vosges en arrière-plan, il est beaucoup moins couru et donc beaucoup plus authentique que Riquewihr par exemple. Prenez un peu de temps pour flâner dans ses quelques rues et faire le chemin de ronde. Petite particularité : un impressionnant tilleul datant de l’an 1300 est toujours en place, un peu impassible, devant la Porte-Haute.

Une bonne adresse à Bergheim (testée et approuvée) : ↘️ l’Églantine de Bergheim, un antique magasin de confitures faites maison. Pas donné, mais délicieux.

 

Château-fort en Alsace.

Le château du Girsberg, un nid d’aigle au-dessus de Ribeauvillé et de la plaine d’Alsace…

Si vous aimez les châteaux (on y prend vite goût en Alsace), je vous conseille de faire un arrêt à Ribeauvillé. Non seulement la petite cité ne manque pas de caractère, mais elle est dominée par un chapelet de 3 forteresses spectaculaires (le château de Girsberg, le château de Haut-Ribeaupierre et celui de Saint-Ulrich), bâties sur les éperons rocheux qui surplombent la vallée. Une randonnée courte mais assez abrupte, à travers les vignes et la forêt, permet de les visiter.

Et puis enfin, ne manquez pas la petite église médiévale de Hunawihr, un peu à l’écart du village, trônant au milieu d’un océan de vignes, avec la ligne bleue des Vosges qui se déroule d’un côté et la plaine d’Alsace qui s’ouvre de l’autre… C’est LE cliché de la Route des Vins d’Alsace mais vous auriez bien tort de vous en priver. C’est aussi et surtout l’occasion de faire quelques jolies balades dans les vignobles et d’apprécier au grand air l’esprit si spécifique de l’Alsace…
 

Colmar, capitale des vins d’Alsace


Un canal à Colmar.

À Colmar, ne manquez pas un tour dans le délicieux quartier de la Petite-Venise.

Impossible de parler de la route des vins sans évoquer Colmar, sa capitale officieuse, souvent décrite comme “la plus alsacienne des villes d’Alsace”. Est-ce usurpé ? En toute honnêteté : pas du tout. Colmar est tout simplement une ville magnifique. Pas très grande finalement, mais à la fois vivante et paisible, touristique et authentique.

Son cœur de ville est très dense, avec les anciennes maisons et hôtels particuliers, avec ses églises médiévales, son prestigieux musée d’Unterlinden et son retable d’Issenheim (↘️ toutes les infos ici pour le visiter), mais aussi les canaux de la Petite-Venise, ses terrasses et ses boutiques… vaut absolument qu’on s’y arrête et qu’on l’apprécie. Je ne m’étends pas plus sur le sujet ici : il existe déjà ↘️ un article entier consacré juste à Colmar.
 

Riquewihr, Kaysersberg & Co. : les « perles » du vignoble alsacien


Une rue de Riquewihr en Alsace.

Riquewihr – avec sa fameuse tour du Dolder – apparaît bien rarement aussi vide sur les photos !

Bon, j’attaque par une petite déception… Il est très difficile d’éviter Riquewihr : classé parmi les plus beaux villages de France, encensé par les guides, il est l’étape fétiche des tours-opérateurs du monde entier.

Il est vrai que le village, encore ceinturé de ses remparts, semble se réveiller, intact, d’un sommeil de plusieurs siècles : le “Dolder”, un beffroi à colombages emblématique, veille sur des rues entièrement préservées, blotties derrière leur ceinture de remparts. On y croise d’anciennes auberges, les anciens pieds-à-terre des évêques de Strasbourg, des comtes de Wurtemberg, des abbés d’Autrey… mais aussi d’opulentes demeures de vignerons, des puits, des fontaines, d’antiques auberges…

Vous aurez compris qu’un village d’à peine plus de 1000 habitants absorbe difficilement son affluence parfois phénoménale : si vous voulez éviter le syndrome du “Disneyland alsacien”, nous vous conseillons Riquewihr hors saison, où bien soit très tôt ou soit plutôt tard en été.

 

Le village de Kaysersberg en Alsace.

Au creux de sa vallée, Kaysersberg offre une toute autre physionomie que Riquewihr.

C’est un endroit que j’aime bien, encore lové dans la vallée vosgienne et ouvrant soudain sur la plaine d’Alsace (ou inversement). Tout en enfilade, suivant le fond de vallée et le cours de la Weiss, on ne sait pas trop si Kayserbserg appartient encore à la montagne ou pas… Soyons honnêtes : Kaysersberg est une cité touristique, très courue, mais ses coulisses montagneuses, l’enfilade de ses colombages, le bruissement du torrent qui la traverse lui donnent une personnalité plutôt unique en Alsace.

On y découvre le joli hôtel de ville, le petit pont fortifié, de nombreuses églises et chapelles, tout comme l’émouvante maison natale du docteur Albert Schweitzer, prix Nobel de la Paix en 1952.  De belles balades permettent de prendre un peu de hauteur et jouir d’un superbe panorama sur le village. Si vous avez peu de temps, une courte montée au château du Schlossberg suffira.

 

? « Han sori zu Fir und Liacht »
« Faites attention au feu et aux lumières »… C’est un de mes plus grands coups de cœur sur la Route des Vins d’Alsace : Turckheim. Certes, c’est une cité coquette,  comme tant d’autres ici. Mais ce qui fait qu’elle ne ressemble à aucune autre, c’est son veilleur de nuit, qui officie tous les du 1er mai au 31 octobre, dès 22 heures précises. Sa fonction est séculaire, et elle revit depuis plus de 50 ans dans le village. Certes, il n’est plus question d’annoncer les heures de la nuit et de s’assurer qu’aucune chandelle n’ait provoqué un départ d’incendie. Pendant 1h30, le veilleur de nuit vous guide à travers les rues du village en plusieurs stations, chantant et expliquant le village, ses monuments et ses traditions. Prenez une laine… Et en plus, c’est gratuit.

 

Une rue dans un village alsacien.

La rue du Rempart permet de faire le tour entier d’Eguisheim, entouré de colombages…

Eguisheim, c’est peut-être l’incarnation du village alsacien tel qu’on l’imagine : un foisonnement de vieilles maisons à colombages, les façades parfois bancales mais rehaussées de cascades de géraniums rouges, la vielle fontaine sur la place centrale au plan irrégulier… Le régional de l’étape est le pape Léon IX, qui serait né au village en l’an 1002.

Certes, la localité est plutôt trèèès visitée, mais j’aime toujours parcourir ses étonnantes et étroites rues concentriques. Si vous le pouvez, préférez la visiter en fin de l’après-midi, quand le flot des touristes se tarit. Eguisheim peut être une escale très agréable pour un apéritif ou un petit restaurant en soirée par exemple.
 

Vins et sommets : l’Alsace des Ballons


Sommet du Grand Ballon en Alsace.

Du haut du Grand Ballon, les vues sont incroyables par temps clair.

À Guebwiller, il faudra quitter momentanément la Route des vins pour prendre quelques lacets et pas mal d’altitude. En quelques kilomètres, vous quitterez la plaine pour vous retrouver au point culminant des Vosges et de l’Alsace : le Grand Ballon (1424 mètres).

Comme tous les “ballons vosgiens”, il se caractérise par son sommet rond et chauve, mais aussi par les superbes points de vue qu’il offre, tant sur le massif des Vosges que sur la Forêt-Noire, son alter ego allemand, mais aussi par temps très clair, sur la chaîne des Alpes. L’Alsace apparaît alors dans une dimension nature grandiose et inattendue. Inutile de préciser que les chemins de balade sont légion dans le secteur. Et mieux vaut être prévenu aussi : le vent a tendance à souffler fort là-haut.

En redescendant vers Cernay, dans la vallée, arrêtez-vous au Hartmannswillerkopf, appellé aussi « Vieil Armand ». Il y a un siècle se déroulait ici l’une des batailles les plus terribles et les plus méconnues de la Première Guerre mondiale. Français et Allemands se sont battus ici, à un millier de mètres d’altitude. On peut encore visiter les vestiges de ces combats acharnés, et notamment des tranchées où les belligérants se faisaient face à quelques dizaines de mètres à peine… Saisissant.

Maison colorées en Alsace.

Voici Thann, arrivée officielle de la Route des Vins d’Alsace.

Enfin, nous voici à Thann, point final de la Route des Vins. Nous sommes ici à la lisière de l’Alsace, tout proche de la frontière franc-comtoise ; les colombages se font déjà plus rares. Ne manquez surtout pas de visiter la collégiale Saint-Thiébaut, une petite merveille restée pratiquement intacte depuis 500 ans. Et comme toujours, je vous recommande de prendre un peu d’altitude pour admirer tout cela sous un autre angle, et comme toujours en Alsace, il y a un château qui fait l’affaire : ici, c’est l’Engelbourg, qui domine la rive gauche de la Thur.

Pour cette dernière étape, je vous donne rendez-vous dans la plaine, à Ungersheim, dans un site insolite : l’Écomusée d’Alsace (à propos, on vous avait déjà proposé dans cet article ↘️ une journée d’écotourisme en Alsace.

 

Quand partir sur la Route des Vins d’Alsace ?


Pour moi, indubitablement, le meilleur moment se situe en septembre (les journées sont encore belles et assez longues) mais surtout octobre et début novembre, quand les vignes se mettent à tirer peu à peu sur le roux et quand les vendanges donnent à la région une atmosphère bien particulière… C’est la saison du vin par excellence !

 

Louer une voiture pour parcourir la Route des Vins d’Alsace


Rien de bien spécial à signaler de ce côté-là. Il n’y a aucune difficulté pour ↘️ louer une voiture à Strasbourg par exemple, ni pour circuler sur les routes. Elles sont en parfait état et tout est bien indiqué. En été, les parkings des villages touristiques peuvent être assez pleins et la traversée des petites villes difficile en raison et des rues et des trottoirs étroits.

Mon coup de gueule (parce qu’il en faut bien un)
Aux beaux jours, peu importe la saison, vous risquez de circuler au milieu de flopées de motos, dont pas mal d’Allemands. La raison en est simple : l’accès au massif jumeau de la Forêt-Noire, en Allemagne, de l’autre côté du Rhin, leur est interdit. Ils se rabattent donc sur les Vosges et l’Alsace pour leurs virées.
Cela peut être parfois assez pénible car le bruit est assourdissant. De quoi donner envie parfois d’éviter les terrasses donnant sur la route principale. Ils ont également tendance à se pencher de votre côté de la chaussée dans les virages. Prudence donc quand vous les croisez dans les lacets des Vosges.

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