Cathédrale de Cologne : visite guidée amoureuse

par Pierre
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Vue sur la cathédrale de Cologne.

Je l’ai tous les jours sous les yeux… Du bureau… Ou en sortant de la gare (eh oui, c’est une particularité de Cologne : la cathédrale et la gare sont voisines, elles se touchent presque)… C’est à peine si je la remarque encore certains jours… Quelle tristesse ! Je répare tout cela avec cette visite guidée personnelle du « Kölner Dom »,  un des monuments les plus spectaculaires du Moyen Âge

 

Une histoire hors-normes

Même si Cologne est l’une des plus anciennes et des plus importantes villes d’Allemagne, on peut dire que l’histoire exceptionnelle de la cathédrale Saint-Pierre démarre en 1164. C’est à cette date qu’y sont transférées les reliques de Rois mages, qui seraient venus des quatre (enfin, trois) coins du monde pour rendre hommage à Jésus juste après sa naissance.

Le succès est immédiat : les foules affluent en pèlerinage. Il faut une nouvelle cathédrale, bien plus grande (pour les accueillir) et bien plus fastueuse (pour souligner la richesse de la ville et de l’évêque).

La première pierre de la cathédrale actuelle est posée en 1248. Ses modèles ? Les ↘️ grandes cathédrales françaises de l’époque, et notamment celle d’Amiens. Le chœur est achevé en 1322. On construit ensuite les premiers niveaux des tours, de la nef, et puis… Plus rien ! Les travaux ont trop duré. Ils sont arrêtés du jour au lendemain. Il n’y a plus d’argent et aussi, la mode de l’art gothique est passée…

Vues anciennes de Cologne.

Et le temps passe… Des siècles entiers ! avec un squelette de pierre ouvert à tous les vents et sur la tour sud, à moitié construite, une grue de bois qui finit par devenir le symbole de la ville   1  … C’était sans compter la conjoncture de deux événements improbables.

Le premier est la redécouverte, totalement par hasard, en 1814, du projet original de la façade de la cathédrale. Un parchemin du XIVe siècle   2  , de plus de 4 mètres de haut ! Sa partie gauche dormait dans le grenier d’une auberge de Darmstadt (près de Francfort) et l’autre moitié chez un antiquaire à Paris.

L’autre est l’avènement du romantisme en Allemagne, qui remet le Moyen Âge en lumière. Une idée folle germe alors… Et si ?… Et si on achevait enfin la cathédrale de Cologne ? Les travaux reprennent dans l’allégresse en 1842 et s’achèvent en 1880 avec une inauguration en grande pompe par l’empereur Guillaume Ier.

L’histoire est-elle finie ? Non ! La cathédrale frôle la mort moins d’un siècle plus tard. Cologne est quasiement anéantie durant la Seconde guerre mondiale. Entre 80 et 90 % de la ville est en ruines, au point qu’on imagine un moment reconstruire Cologne sur un site vierge, à une quinzaine de kilomètres de là… Seulement voilà : la cathédrale, elle, a miraculeusement survécu ! Elle est toujours là, seule, majestueuse au milieu du néant   3  . On ne peut pas l’abandonner. Cologne se reconstruit autour d’elle.

Aujourd’hui, la cathédrale de Cologne est le monument le plus visité d’Allemagne. Elle a été inscrite en 1996 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.

 

Ce qu’il faut voir à la cathédrale de Cologne

Plan de la cathédrale de Cologne.

 

Bien entendu, c’est avant sur le parvis de la cathédrale   1   qu’on s’arrêtera, époustouflé. La façade apparaît, gigantesque, culminant à 157 mètres de hauteur. C’est un mélange de finesse et de puissance (pour ma part, je penche pour cette dernière : ici, rien à voir avec la légèreté et la grâce de la façade de la cathédrale de Strasbourg par exemple). Un fleuron, cette fleur stylisée qui marque la pointe des tours, est exposé en « taille réelle » sur la place : il fait 10 mètres de haut !

Grand portail de la cathédrale de Cologne.

Quand on lève le nez, juste avant d’entrer dans la cathédrale de Cologne…

On reste aussi frappé par la couleur noire de la cathédrale, qui accentue le sentiment d’écrasement. Alors non, il ne s’agit pas d’une pierre volcanique. Non, il ne s’agit pas de la pollution. Non, on ne manque pas de moyens financiers pour restaurer la cathédrale… C’est en fait l’héritage des fumées du gigantesque incendie qui a consummé Cologne en 1945.

Il a été décidé de faire de cette noirceur un mémorial : la cathédrale a depuis été laissée en l’état et elle ne sera jamais nettoyée. Ah si, on a restauré un petit coin de la façade, à gauche. La pierre gris clair d’origine apparaît alors… Quel effort d’imagination pour se représenter l’édifice dans cette teinte !!

Une fois à l’intérieur, on est frappé par la hauteur de la voûte de la nef   2  , qui s’envole à 43 mètres au-dessus du sol (le record absolu se situe à la ↘️ cathédrale de Beauvais : 48 mètres). Et puis, aussi, par la clarté de l’édifice : il y a là 10 000 m2 de baies vitrées ! Une vraie cage de verre !

Intérieur de la cathédrale de Cologne.

Dès les premiers pas dans l’édifice, on est comme aspiré vers le ciel… Littéralement « envoûté » !

Quelques grands vitraux de la Renaissance (XVIe siècle) occupent les fenêtres du bas-côté nord   3  ; c’est une avalanche de couleurs… En parlant vitraux, rendez-vous dans le bras sud du transept   4  . C’est ici que se trouve la verrière réalisée en 2007 par l’artiste contemporain allemand Gerhard Richter. Celui-ci a assemblé au hasard plus de 11 000 carreaux de verre de 72 coloris différentes. Effet garanti quand le soleil de l’après-midi frappe dessus… 

Vitrail coloré à Cologne.

Une idée simple mais féérique : le vitrail de Gerhard Richter (2007).

On pénètre ensuite dans les parties « historiques » à proprement parler : le chœur et le déambulatoire, achevés dès 1322 et donc « en fonction » depuis plusieurs siècles. C’est là que se concentrent – logiquement – les plus précieux objets d’art de la cathédrale comme le retable des Patrons de Cologne   5  , chef-d’œuvre de la peinture rhénane du XVe siècle dû au pinceau de Stefan Lochner.

Les stalles du chœur   6   sont un ensemble extraordinaire d’une centaine de sièges de bois sculpté, datant du tout début du XIVe siècle. Un siège était en permanence réservé au pape et un autre à l’empereur.

La châsse des Rois mages   7  , réalisée vers l’an 1200 par Nicolas de Verdun, l’un des plus grands orfèvres du temps. Le reliquaire est le plus important de l’époque médiévale jamais conservé… Il mesure 2 mètres de long pour 1,5 mètre de hauteur. Le coffre de bois de chêne est recouvert jusqu’au moindre recoin d’or, d’argent, de pierres précieuses, d’émaux et même de médaillons de l’époque romaine…

Reliquaire des Rois mages à Cologne.

La châase des Rois mages est l’un des chefs-d’œuvre de l’orfèvrerie mondiale.

Le tombeau de Philipp von Heinsberg   8  , datant du milieu du XIVe, représente l’archevêque allongé… au milieu d’un château-fort !

Quant à la croix de Gero   9  , une grande sculpture peinte datant d’un peu avant l’an mil, c’est tout simplement l’une des plus anciennes sculptures chrétiennes qui existe encore. À noter l’attitude étrangement paisible du Christ…

 

Quelques informations insolites sur le « Kölner Dom »

Tenez, petit bonus, je vous livre quelques infos insolites sur la cathédrale de Cologne :

  • La cathédrale de Cologne est sillonnée en permanence par une troupe de suisses (appelés ici « Domschweizer »), reconnaissables à leur longue robe rouge et noire. Ils portent également en bandoulière une urne destinée à recueillir les dons pour l’entretien de l’édifice. Leur rôle est de s’assurer du bon ordre dans la cathédrale… Et avec quelque 30 000 visiteurs par jour, ce n’est pas toujours une mince affaire pour eux.
  • N’hésitez pas à faire le tour de la cathédrale. Vous découvrirez, nichés le long du déambulatoire la loge des tailleurs de pierre   10   (« Dombauhütte »), qui est toujours active !, ainsi que le surprenant cimetière des chanoines   11   abrité sous un grand arbre. La vue sur le chevet qui se déploie est magnifique…
  • La chaîne de télévision WDR a réalisé une application (↘️ pour l’installer) spécialement consacrée à la cathédrale : c’est une fabuleuse immersion à 360 ° dans le monument le plus célèbre d’Allemagne.
  • Dans les années 1960, quelques petites gargouilles en forme de bouc ont été sculptées sur la cathédrale. Pourquoi ? Mais pardi, pour fêter les titres de champion d’Allemagne de football arrachés par le FC Cologne, dont cet animal est l’emblème… Ont également été immortalisés dans la pierre (mais invisibles du grand public) Charles de Gaulle et John F. Kennedy… Si si.

 

Visiter la cathédrale de Cologne : ce qu’il faut savoir

  • L’accès à la cathédrale de Cologne est gratuit.
  • L’édifice est ouvert tous les jours de l’année de 6 h à 19 h 30 en hiver et 21 h en été.
  • Par contre attention : la cathédrale de Cologne n’est pas un musée, malgré la foule et le bruit. Les offices religieux y sont chaque jour très nombreux et la cathédrale se trouve à chaque fois totalement fermée, voire totalement inaccessible entre 12 h et 13 h : on ne peut admirer l’intérieur que depuis l’espace sous les tours. Pour pouvoir visiter la cathédrale sans restriction, c’est de 10 h à 11 h 30 (ensuite ils commencent à évacuer les lieux pour la messe de midi) puis de 13 h à 17 h 30. Le dimanche et les jours fériés, cela se restreint de 13 h à 16 h 30.
  • Il est impossible d’entrer dans la cathédrale avec un gros sac à dos ou une valise. Un contrôle des petits sacs est systématiquement réalisé à l’entrée (mais cela reste extrêmement fluide).
  • Le respect est demandé (poliment) au visiteur dès l’entrée par les suisses. Si vos épaules ne sont pas couvertes, un châle de tissu vous sera par exemple prêté (à restituer à la sortie).
  • On peut monter à la tour sud de la cathédrale. L’accès se fait directement au coin de la façade principale   12  . Après une montée de plus de 500 marches, vous aurez un panorama sur la ville, à environ 100 mètres de hauteur. Vous pourrez aussi voir une des plus grosses cloches de la chrétienté : le « Decke Pitter » comme l’appellent affectueusement les Colonais (autrement dit : « le gros Pierre ») pèse en effet la bagatelle de 24 tonnes ! Plein tarif : 4 €.
  • Il est également possible de visiter la cathédrale de nuit. Mais c’est quasiment mission impossible : toutes les dates sont prises d’assaut… Idem pour les visites des parties hautes de la cathédrale : galeries intérieures de la cathédrale, toits, belvédère de la croisée de transept… Dommage. Bon, comme j’avais eu l’occasion de les visiter via une visite de groupe, je vous fais profiter du voyage 😉

Vues de la cathédrale de Cologne.

Depuis la petite tour-lanterne qui domine la croisée du transept, on a une superbe vue sur toute la ville   1   : ici, à gauche la gare centrale, tout droit le pont Hohenzollern enjambant le Rhin, à droite le musée Ludwig. Une visite des parties hautes permet d’admirer de près les folies de l’architecture gothique   2  … On se sent un peu comme Quasimodo parfois. Petite touche moderne inattendue : le toit de la cathédrale   3   est en fait une armature légère de métal.
 


Photo de couverture : La cathédrale de Cologne au soleil levant © Pierre Feisthauer

2 commentaires

Patou 6 juillet 2018 - 6:16

Grandiose !!

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Pierre 6 juillet 2018 - 7:14

Effectivement ! 🙂

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